Etonnamment si

Mardi 25 février, c'était jour de lancement !

L’occasion de présenter à nos amis, clients et partenaires, le livre Montée de l’extrême droite : une prophétie autoréalisatrice ? Éditions de l’Aube Terra Nova, le think tank et de revenir sur la période que nous traversons. Nous vivons un moment de sidération : en à peine un mois, l’ordre international est redessiné, avec une brutalité et une vitesse stupéfiantes. Nous vivons aussi un moment de mimétisme. Certains ne cachent plus leur fascination pour Donald Trump, Elon Musk et les tronçonneuses. Ils voient dans leur méthode une façon d’émerger. La force conjuguée de la brutalité et du mimétisme tend à déplacer ce qu’on perçoit comme le consensus social. Cela signifie que certains se sentent autorisés à dire ce qu’ils taisaient jusqu’à présent. D’autres s’alignent, pour ne pas perdre leur appartenance au groupe. Et pour les derniers, il ne reste que le silence. Ou pire encore, l’intimation au silence. Tout cela contribue à nourrir le sentiment que l’extrême droite est définitivement victorieuse là-bas, et que son accession au pouvoir est inéluctable ici. Et pourtant, elle ne l’est pas. Elle ne l’est pas, si l’on garde en tête qu’en vérité la société est plus tolérante et plus altruiste aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a trente ans. Elle ne l’est pas, si on ne confond pas la demande d’autorité avec une demande autoritaire, le chacun son choix, avec le chacun pour soi. La proportion de Français qui partagent la vision du monde promue par l’extrême droite n’est pas majoritaire. Elle n’est même pas croissante. Mais nous sommes tellement convaincus du contraire que nous adoptons des comportements qui finissent par la faire progresser électoralement. Cela ne signifie pas que tout va bien, et qu’il ne s’agit que d’une question de communication. Il y a des situations vécues qui en facilitent le succès, des traits de caractère sociaux sont attisés. Mais c’est toujours l’offre qui attise la demande. Elle donne des clés, des signaux, des récits pour interpréter des situations vécues, individuelles ou collectives. Alors que faire ? Quelques pistes. 1) Rappeler qu’il existe d’autres lectures de l’opinion publique que celles qui racontent un pays qui se recroqueville sur lui-même et sont souvent très partielles. 2) Retrouver une présence sur le terrain. C’est vrai pour la gauche, dont les cadres et les porte-voix sont désormais absents dans certaines régions. Mais c’est aussi vrai pour la droite, qui cède du terrain à l’extrême droite en préférant trianguler plutôt que d’élaborer une offre qui lui est propre. 3) Reprendre en main l’agenda. Cela passe, entre autres, par un travail sur le récit. Beaucoup d’éléments sont déjà présents. L’enjeu est de faire émerger la bonne combinaison : celle qui puisse donner du sens à l’expérience vécue et qui soit compatible avec la culture démocratique que nous défendons.